Opera Omnia

33. APOSTOLAT LITURGIQUE (I)

Il manque quelque chose sur ce point dans les Constitutions et le moment venu, il faudra y introduire ce qui manque. Il n'a pas bien compris toute la pensée celui qui a voulu la limiter. Moi, en prêchant, je suis obligé de vous donner au moins une idée de votre apostolat liturgique, comme je vous l'ai donnée sur les autres apostolats.
Faites-vous d'abord une idée de la liturgie, et ne croyez pas que tout consiste à préparer quelques images ou quelques médailles.

La liturgie est le livre de l'Esprit Saint, comme la création est le livre du Père, et l'Écriture Sainte, le livre du Fils. Nous arrivons à connaître Dieu qui est invisible à travers les choses visibles (Rm 1, 20).

Dans l'Évangile, nous connaissons la parole du Fils et à travers l'Évangile, nous admirons la Sagesse de Celui qui a conversé avec les hommes (Ba 3, 38). Après avoir parlé à nos pères par la bouche des prophètes, en ces jours qui sont les derniers, Dieu nous a parlé par le Fils (He1, 1-2).

L'Esprit Saint puise au Fils pour nous donner (Jn 16,13-14). Par exemple, il puise la vérité et rend l'Église infaillible. Il puise la vertu et il donne la grâce de la pratiquer; il puise au sang de Jésus et il nous purifie de toute souillure.

Le temps qui a précédé la venue de Jésus a été le temps du Père. Vint ensuite le temps du Fils qui fut le plus court. Depuis lors, jusqu'à la fin du monde, c'est le temps de l'Esprit Saint.

L'année liturgique est organisée de façon à nous présenter d'abord la prière que nous faisons au Père pour qu'il envoie son Fils; puis, la naissance du Sauveur, sa vie, sa passion, sa mort et sa gloire; enfin, l'œuvre de l'Esprit Saint dans les âmes et dans l'Église.

Tous les dimanches qui suivent la Pentecôte ont pour but de diffuser les vérités qu'il a prêchées; les vertus dont il a donné l'exemple. L'Esprit Saint communique les fruits de la Rédemption. Il se répand dans le Baptême et donne la grâce; il se répand dans la Confirmation et augmente la grâce; dans l'Eucharistie et nous apporte la vie; il intervient dans l'absolution sacramentelle et purifie; dans l'Ordination sacerdotale et il élève le soldat du Christ à son ministère; il intervient dans le Mariage et sanctifie l'union des époux; dans l'Onction des malades et prépare l'âme à se présenter au jugement de Dieu et à se rendre digne de la récompense.
Je vous ai dit cela pour vous expliquer un peu ce qu'est la liturgie. Nous avons là les moyens par lesquels l'Esprit Saint agit pour diffuser les vérités que Jésus Christ a prêchées, les vertus qu'il a exercées, la grâce qu'il nous a acquise.

L'enseignement de la liturgie est spécialement contenu dans le Bréviaire, le Missel, le Pontifical, le Rituel. C'est là qu'est Jésus Maître Voie, Vérité et Vie. Par exemple, nous venons à peine de célébrer la fête du Corps du Christ et son octave. Comme le Missel et le Bréviaire en particulier nous ont parlé du mystère eucharistique! D'une part, ils contiennent toutes les vérités dogmatiques sur l'Eucharistie: la présence réelle, Jésus Prêtre et Victime, la doctrine sur la sainte messe, sur la communion. Tout l'office est composé d'une façon admirable par saint Thomas d'Aquin.
Les vertus de Jésus Christ sont considérées. Il traite de l'innocence, de l'état de grâce nécessaire pour aller à l'autel, des conditions de foi, de pureté, d'humilité; comment il faut se comporter dans l'église, comment avoir soin de l'Eucharistie, de l'autel, etc.
En troisième lieu, les grâces qui dérivent de l'Eucharistie sont décrites. Les fruits de la sainte messe, de la communion, de la visite. On arrive à la conclusion que le paradis est l'union parfaite avec Dieu, et que l'Eucharistie en est la préparation et le gage. Devant de telles considérations sur le mystère eucharistique, il y a des instants où l'âme ne sait plus si elle se trouve sur la terre, tellement les choses qu'elle contemple sont admirables.

La liturgie de la terre accompagne l'âme jusqu'aux portes du ciel. C'est là qu'elle la laisse parce que commence la liturgie la plus belle, la plus parfaite, la liturgie éternelle d'en haut. Oh, alors quelle communion intime avec Dieu, quelle intimité de vie avec la très Sainte Trinité!
Sur la terre, il y a une liturgie très belle, par la majesté des rites, la solennité des chants, par l'ensemble des cérémonies bien ordonnées. On sent la beauté de Dieu et la grandeur de notre religion.
Sans doute, vous êtes-vous peut-être trouvées à Saint Pierre pour une circonstance solennelle. Oh, quelle vision de beauté, de grandeur! L'or, les lumières, les prières, les chants, toutes les sortes et toutes les représentations de personnes, de toute provenance et dignité, jusqu'au Saint Père, le doux Christ sur terre. Qu'en sera-t-il alors au ciel? Nous verrons les Anges, les Anciens, les Martyrs, les Confesseurs, les Vierges, les Patriarches, les Prophètes. Nous verrons la très sainte Vierge, nous verrons le Christ éblouissant dans ses plaies glorieuses, nous contemplerons la très Sainte Trinité et nous entendrons chanter l'éternel Saint, Saint, Saint (Is 6, 3).

Vous devriez imprimer et diffuser les livres de la sainte liturgie. Ces livres appartiennent à l'Église, et pour les imprimer, les permissions ordinaires ne suffisent pas.
Vous ne vous confondrez pas avec l'apostolat des Filles de Saint Paul et vous ne les priverez pas de leur champ d'apostolat. Le travail que vous devez faire est immense et incomparable. Si vous réussissiez, par exemple, à illustrer chaque festivité, en montrant la doctrine inhérente, les vertus qui en sont l'ornement, les moyens de grâce qu'on peut y trouver. Travail artistique, liturgique, diffusion de l'enseignement de l'Église sur les sacrements, les sacramentaux, les consécrations, les bénédictions, etc. Avoir une mul-titude de feuillets, de dépliants, de livres qui diffusent la connaissance de l'Eucharistie; interpréter la pensée de l'Église et diffuser la vie. Vous devez être l'âme de l'Église pour en posséder et en communiquer la vie. Ne craignez pas, le champ est unique. Il ne s'agit pas pour vous de romans, de contes ou de choses du genre; votre partie est une partie sacrée, réservée à vous seulement. Entrez de manière ineffable en apportant votre collaboration.

Dans vos églises, les cérémonies devront être très belles; les chants bien exécutés et les prières bien récitées. Essayez de pénétrer le sens du Bréviaire et de bien le réciter; essayez avant tout de l'interpréter dans la langue courante. Priez avec le Missel; messes bien écoutées; la messe qu'on appelle ordinairement la messe liturgique doit faire un grand pas en avant. Bien comprendre tout le Rituel; accompagner l'administration des sacrements avec une intelligence et une piété de Disciple. Bien comprendre et bien faire le signe de la croix de manière à édifier; bien accomplir toutes les cérémonies qui vous reviennent, même les plus petites et les moins visibles.

Dédiez-vous aussi à des œuvres plus grandes comme la construction des églises. Vous voyez que, jusqu'à maintenant, vous avez exercé substantiellement votre apostolat. Vous avez été très dociles dans les mains de Dieu et je peux témoigner devant Lui que vous avez été vraiment fidèles à ce qui vous a été demandé, même quand c'était plus fatigant et douloureux. Pour la construction des églises dédiées à saint Paul et au Divin Maître, votre apport a été grand. Il en est de même maintenant pour la construction de l'église dédiée à Marie, Reine des Apôtres.

Le champ liturgique vous appartient. Dédiez-vous à la broderie, à la peinture, à la sculpture et progressez. Oh, si vous aviez de braves peintres, de braves sculpteurs; si vous aviez de celles qui avancent dans les études, une Soeur ingénieur, architecte, qui sache dessiner, construire!

Le commentaire aux Constitutions qu'on peut faire à cet égard est très vaste. Vous le ferez par votre vie, et dans la pratique.
Produisez, avancez, progressez. Je ne vous dis pas de faire beaucoup de choses tout de suite, mais de bien continuer celles que vous avez commencées. 'Produire et diffuser'.
C'est un champ immense, comme est immense le champ des vocations, de la coopération au ministère du prêtre. Appelez aussi des vocations, priez le maître de la moisson car la moisson est grande mais les ouvriers sont pue nombreux (Lc 10, 2).