Opera Omnia

31. APOSTOLAT SACERDOTAL DANS L'ESPRIT DE LA TRÈS SAINTE VIERGE MARIE (2)

Se méfier de nous-mêmes et avoir confiance en Dieu. L'humilité et la confiance forment la sainteté de l'âme. Le Seigneur veut vous donner, donner, donner. Accueillez, mais rappelez-vous qu'il ne peut pas renoncer à ce que tout soit fait seulement pour sa gloire.

Dieu a un cœur de père et de mère à la fois; toutes les qualités paternelles et maternelles lui appartiennent à un degré infiniment parfait, pour notre bien. Cependant, lorsque nous sommes hautains, il ne peut pas agir. Alors, il permet que l'âme se trompe, qu'elle tombe, afin qu'elle reconnaisse ce qu'elle est; qu'elle revienne à l'humilité, et qu'il puisse continuer à donner comme auparavant et davantage.
Comme nous sommes misérables! D'autre part, comme le Seigneur est bon! Même si nous étudions la bonté de Dieu, nous n'arriverons jamais à la comprendre. Ayez confiance que le Seigneur a oublié et pardonné les fautes du passé; confiance qu'il vous sanctifie malgré tout. Il a élu saint Pierre à la papauté après sa grande faute, cependant, il lui a d'abord demandé le repentir et les larmes d'humiliation (Jn 21,15-19).

Le Seigneur ne s'est il pas montré très bon avec vous? Et alors, pourquoi n'avez-vous pas encore appris à vous fier à sa Parole, à ses promesses?
Frappez et on vous ouvrira; demandez et vous recevrez. Si un fils demande du pain à son père, lui donnera-t-il une pierre? Et s'il lui demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent? (Lc 19, 9-13).
Le Père céleste est de beaucoup meilleur que les pères de la terre; il vous donnera son Esprit, il vous donnera la sainteté que vous désirez si vous la demandez avec confiance. Les autres choses vous seront accordées dans la mesure où elles servent à sa gloire et à votre bien. La gloire de Dieu, notre sanctification, le salut des âmes. On obtient toujours les deux premières grâces, la troisième, dans la mesure où les âmes pour lesquelles on prie correspondent.

Pour vous en particulier, demandez la grâce de pouvoir bien comprendre et bien exercer votre apostolat sacerdotal. Mettons d'abord les fondements: Jésus Christ est le grand Prêtre, Marie est la grande Femme. Marie est la femme de la Genèse, de Cana, du Cénacle, du Calvaire, de l'Apocalypse. Dans les grands moments, Jésus l'appelait Femme. La femme qui, encore aujourd'hui au paradis, tient en main le cœur même de Dieu, elle est la médiatrice.
Le prêtre est comme Jésus; la Sœur Disciple est comme Marie. La Sœur Disciple doit accomplir auprès du prêtre le rôle que la très sainte vierge Marie a accompli auprès de Jésus, premier prêtre. Jésus et Marie furent compagnons dans la vie, dans le travail, dans le sacrifice; ainsi doit-il en être du prêtre et de la Sœur Disciple. Vous accompagnerez le prêtre jusqu'au Sacrifice et vous partagerez le pain eucharistique avec lui. Vous prierez pour obtenir le prêtre, vous l'accompagnerez dans la vie, vous l'assisterez dans la maladie, vous le suivrez jusqu'après la mort, jusqu'à ce que vous vous trouviez avec lui au paradis, dans le tabernacle éternel.

Au paradis terrestre, au début de l'humanité, Dieu a institué le mariage. Il a dit: Il n'est pas bon que l'homme soit seul, faisons-lui une aide qui lui soit assortie (Gn 2,18). Il n'était pas bon que Jésus fût seul, et il eut la très sainte vierge Marie auprès de lui. Ce n'est pas bien que le prêtre soit seul dans l'Église, il doit avoir la collaboration de la femme. Dieu fit tomber un profond sommeil sur Adam et tandis qu'il dormait, il prit une de ses côtes,… il façonna la femme et il l'amena à l'homme. Adam la salua en l'appelant: femme (Gn 2, 21-23). Le Seigneur a voulu que le genre humain se multiplie à partir de l'union de l'homme à la femme. Le mariage fut donc béni par Dieu dès le début de l'humanité, et Jésus Christ l'a consacré à Cana.

Dieu agit de la même façon dans l'état surnaturel. Les âmes reçoivent la vie et le salut de la mission de Jésus et de Marie. D'où la grande estime que le prêtre doit avoir de la Sœur Disciple, et la Disciple du prêtre. En vous parlant, je vous dis de considérer le prêtre selon la nature et selon le caractère sacerdotal.

Selon la nature. Il est un homme comme tous les autres. Donc, toujours rester à une certaine distance. La paille ne peut rester tout près du feu, autrement le feu la consume et il s'éteint. La destruction de la paille comme la fin du feu serait une ruine. L'eau bénite et la terre ne vont pas ensemble, ça fait de la boue. Ne lit-on pas que Marie a été pour Jésus une mère cajoleuse. Elle l'a toujours traité avec dignité. En vivant au contact des prêtres, il est facile de voir le côté matériel. Il a besoin de se nourrir, il éprouve les nécessités communes. Même Jésus a voulu s'y soumettre et Marie le servait.
Vous pouvez estimer le prêtre pour ses dons de nature, mais ne vous y arrêtez pas. Le prêtre peut être savant, sain, jeune, actif, il peut être parent avec vous. Mais ce ne sont pas les titres qui comptent, les motivations essentielles. Il y a une toute autre base; autrement, quand le prêtre devient vieux, étourdi, malade, vous ne l'aimeriez plus? Au contraire, vous devez l'aimer davantage.

Selon le caractère sacerdotal. Le prêtre est le ministre de Dieu; sa dignité dépasse la dignité des anges. Sainte Thérèse aurait toujours baisé avec vénération le lieu où le prêtre avait passé. Dans l'histoire de l'Église, le fait que saint Ephrem, saint Nicolas de Flue, et surtout saint François d'Assise, ont renoncé à être prêtre, par humilité, est toujours impressionnant.
Le prêtre est un Alter Christus - un autre Christ. Il baptise et donne la vie surnaturelle; il absout et redonne la grâce; il enseigne et il éclaire l'âme; il communique et donne Jésus; il gouverne et dirige les âmes. La direction, la prudence, l'œuvre du prêtre conduisent les âmes à Dieu et les sanctifient.

Par conséquent, avoir une grande estime du prêtre; ne jamais le juger moins bien; ne jamais le dénigrer, ce serait insupportable: Nolite tangere Christos meos, ne touchez pas à celui qui m'est consacré (Ps 104, 15), cela vous priverait de plusieurs grâces. Toujours rester à une certaine distance; éviter tout contact superflu ou inutile; même en confession, soyez très brèves; certains points, traitez-les avec une prudence particulière et avec souplesse. Je compte sur votre intelligence et sur votre bon sens, et j'espère que vous me compreniez bien, même si je ne descends pas à d'autres détails et ne m'explique pas davantage. Aussi longtemps que vous verrez le prêtre à l'autel, au confessionnal, et que vous garderez la distance nécessaire, vous l'estimerez davantage et vous serez mieux estimées par lui.

Votre rôle envers le prêtre est grand et sublime. Suppliez Dieu pour obtenir de nombreuses vocations sacerdotales. Elle n'est pas encore entrée dans le monde chrétien la conviction que c'est un grand honneur pour une famille que de pouvoir consacrer à Dieu une fille ou un fils. La dévotion à Marie, Reine des Apôtres, doit aussi apporter ce fruit, cette conviction, cette ambition: donner à Dieu ses propres enfants pour qu'il en fasse des prêtres, des religieux et des religieuses. Répandez l'idée que si le Seigneur daigne se choisir et cueillir une fleur dans une famille pour la porter près du tabernacle, au service de son autel, c'est une grande grâce, c'est un grand mérite, et c'est un gage de salut éternel. Les personnes de la famille qui ont offert et consacré un fils ou une fille au Seigneur ne se perdent pas si ce n'est à cause d'une obstination voulue. Donner les sujets les meilleurs au Seigneur. Le démon ne se fâche pas beaucoup si ce ne sont que des filles ou de bonnes femmes qui vont au couvent, et si des jeunes de peu de valeur entrent parmi les religieux. Le démon arrête surtout ceux qui font le plus de bien.

Cette année, on a imprimé un calendrier dont la couverture présente une belle image de Marie, Reine des Apôtres. Les offrandes seront pour la construction de l'église. Nous désirons cependant que, avant d'édifier le temple matériel à Marie, elle règne dans les âmes, et qu'elle obtienne et multiplie les vocations.